lundi 3 octobre 2005

Potosi au coeur de la mine d'argent

LUNDI 3 OCTOBRE 2005 : Sucre – Potosi.

 Nous prenons un micro bus pour aller au terminal de la gare routière.



8h30 notre bus Capital démarre pour Potosi (2 x 15 bs). 116 km et moins de 3 heures de route. La route descend pendant plus d’une heure en longeant une rivière asséchée. Le bus va vraiment vite…Puis la route remonte dans un décor de montagnes semi désertiques. Nous passons un col à plus de 4000 mètres et nous arrivons sur un plateau.



Fin de matinée, nous voici à Potosi, l’ex-plus grande ville du monde (en 1540), mais toujours la ville la plus haute du monde (4000 m d’altitude). La ville se situe à flanc de montagne, dominée en arrière plan par le mont Cerro Rico, càd la montagne riche, où se trouvent  les mines d’argent qui firent la renommée de la ville et la richesse de l’Espagne au 19e siècle. Mais aussi la mort de 6 millions d’esclaves, d’indiens et de noirs importés d’Afrique, morts d’épuisement ou empoisonnés par les vapeurs de mercure. D’ailleurs l’expression « c’est pas le Pérou » est une référence directe aux mines d’argent de Potosi, le gisement le plus fabuleux de tous les temps.

Potosi est aussi actuellement la ville la plus pauvre de Bolivie.

Arrivés à la station de bus de Potosi, nous prenons un taxi jusqu’à l’hôtel, mais le taximan ne semble pas connaître notre hôtel Résidencial Central, pourtant situé dans le centre-ville. Est-ce vraiment un taximan ? 
Bien que la plupart des chambres soient disposées autour d’une cour avec véranda en bois peint en bleu tout du long, notre chambre, elle se trouve côté rue.
A peine arrivés à l’hôtel et déjà un guide nous propose de faire la visite des célèbres  mines de Potosi, ces fameuses mines qui ont tellement enrichi l’Espagne et tué plus de 8 millions d’indiens et d’esclaves sur une période de 3 siècles. Un véritable voyage dans le temps. Nous prenons rendez-vous pour cet après-midi.

14h nous suivons notre guide jusqu’à une agence, près du mercado central, mais il semblerait que la camionnette soit déjà partie. Il nous fait monter en bus pour le haut de la ville, le quartier pauvre où se trouvent les usines de traitement des métaux extraits de la mine.  Nous allons chez lui. Là, il nous prête de vêtements de protection, des bottes et des casques munis de lampes. 



Puis il nous entraîne au marché des mineurs. C’est ici qu’ils achètent leurs accessoires pour travailler. Nous faisons quelques achats dans un magasin : de la dynamite et de la corde ainsi que des feuilles de coca pour les mineurs. Un bâton de dynamite coûte 3 bs. La vente d’explosifs est interdite à toute personne qui n’est pas mineur. Comme notre guide a travaillé plusieurs années dans la mine, tout le monde le connaît et il peut en acheter pour nous faire une petite démonstration plus tard.


Nous reprenons le bus pour arriver au pied de la vierge protégeant la ville.
Le guide prend le bâton de dynamite, le casse en deux, introduit la mèche avec le détonateur dedans. Il enferme le tout dans un sac de nitroglycérine, puis il allume la mèche. Trois minutes avant l’explosion, il essaie de nous faire peur en jouant avec la dynamite. Puis enfin la démonstration : un grand trou, beaucoup de bruit et de poussières.

Nous remontons dans le bus qui nous dépose devant un trou dans la montagne. Voici l’entrée de la galerie, le début de l’enfer. L’assistante du guide nous allume  les lampes de mineur et nous entrons dans la galerie. Il faut se courber pour ne pas se cogner la tête.


 
 Le mont Cerro Cico est presque vide de ses richesses et les mineurs des coopératives  qui y travaillent encore ont toutes les peines du monde à  retirer quelques bénéfices de leur travail harassant. Le guide nous explique qu’au départ, on extrayait de l’argent, puis du zinc et le plomb. Et maintenant, ce que l’on trouve.

Nous suivons toujours le guide dans les entrailles de la montagne. Nous grimpons sur un surplomb, redescendons par une échelle dans un boyau, débouchant dans une galerie plus large, qui en croise une autre. Un rail la traverse.


L’odeur de la dynamite liée aux odeurs d’acide qui règnent dans les galeries sont très présentes. Une de mes bottes perce et je dois faire attention de ne pas marcher dans les flaques d’acide. Le spectacle que nous voyons nous démontre dans quelles conditions les mineurs doivent encore travailler de nos jours.


Mais des mineurs, nous n’en voyons que quelques uns, à croire que cette partie de mine n’est plus trop exploitée. Nous en voyons un dans un coin avec un peu de lumière, il semble avoir trouvé un petit filon. Il utilise un marteau et un long burin, les mêmes outils qu’il y a 400 ans. Ce travail peut durer 2 heures comme 2 semaines en fonction de la dureté de la roche. Nous lui offrons quelques feuilles de coca.


Nous arrivons devant El Tio, statue représentant le diable, qui est vénéré par les mineurs : offrandes d’alcool à 96 degrés, cigarettes et des feuilles de coca. Il faut bien oublier les conditions de travail. Le guide allume des cigarettes, lui fourre dans la bouche, puis il prend la bouteille d’alcool en en renversant sur le sol en offrande à Pachamama, en boit un peu, nous en propose (mais nous refusons). Il allume l’alcool versé par terre et nous partons.

Tout à coup, nous voyons passer un wagon rempli, poussé par 2 mineurs vers la sortie. Ils disparaissent dans le noir. Nous suivons la galerie avec le rail.

Après 2 heures dans ces souterrains, c’est avec un réel plaisir que nous avons retrouvé la lumière et respirer de l’air nettement moins nocif. 


Après avoir redéposés les vêtements prêtés par notre guide, nous sommes rentrés à pied à l’hôtel pour nous débarbouiller.

Au soir, nous allons manger au resto Chaplin’s.

MARDI 4 OCTOBRE 2005 : Potosi, le cercueil d’argent

 N’étant pas tout à fait satisfait de la visite d’hier, nous retournons au mont Cerro Cico avec le bus des mineurs, pour prendre un peu plus l'atmosphère des lieux.. Là, nous avons pu voir et rencontrer à notre aise les mineurs dans leur travail. Nous étions transportés à une autre époque. 








 
 


Ces mineurs sont curieux de savoir la façon dont les mines sont gérées chez nous. La pause feuilles de coca (que nous avions apportées) étant terminée, ils ont repris leur labeur et nous avons continué à explorer cette montagne.
L’ensemble des 2 visites nous a donné un tableau complet de la vie minière à Potosi.




 









En guise de souvenir, Serge s’offre une véritable lampe de mineur au carbure de calcium. Cela n’a pas été chose simple, car maintenant, les mineurs s’éclairent à la lampe électrique et les anciennes lampes deviennent de véritables objets de collection. Pendant que je me repose dans la cour de l’hôtel, il retournera chez le marchand qui finalement lui cédera sa lampe.

Pour dîner, nous mangeons une soupe au resto Potocchi (33bs) en face de l’église de la Merced.

Nous entrons dans la Maison de la Monnaie, casa de la Moneda,, musée de l’histoire de l’extraction minière et ancien centre de frappe de la monnaie impériale, avec exposition numismatique, machinerie des presses, meubles coloniaux, ………
Mais comme nous ne sommes pas très « musée », nous nous arrêtons dans la cour, ou plutôt dans les cours de ce bâtiment imposant, où trône une statue représentant une tête de diable.