vendredi 9 août 2013

Treizième étape : Espagnac Sainte Eulalie - Cabrerets

Le 21/05

Dès le réveil, c'est déjà la douche froide, il pleut si fort qu'il n'est même pas utile de sortir de son lit pour avoir les informations sur le temps qu'il fait. Autant vous dire que dans ces conditions, il n'est pas facile de se lever. Ce sont d'ailleurs les filles, que rien n'arrête, qui montreront encore une fois l'exemple !!!!
Ce n'est que lorsqu'elles reviendront de la douche que je suivrai leurs traces. Quand à Jef, qu'il pleuve ou qu'il fasse soleil, ce n'est jamais avant huit heures trente qu'il décide de se lever.
C'est l'heure à laquelle je me décide de profiter d'une petite accalmie météo pour aller faire quelques photos du village.





Les photos terminées, je reprends seul, afin de rester dans mon rythme, le chemin vers Compostelle. Vu les informations qui me sont données à la sortie du village, je ne suis pas encore à destination !!


De toutes façons, loin ou pas et vu mes problèmes à la jambe, cela m'étonnerait fort que je puisse continuer encore très longtemps vers Compostelle. Ce n'est pas mon moral qui en a pris un coup, mais c'est l'évidence même. J'ai beau me soigner, rien ne change. Lorsque nous étions à la fête du fromage à Rocamadour, il y avait là une tente de la Croix-Rouge. J'en ai donc profité pour aller montrer ma jambe et on m'avait déjà dit qu'il fallait surtout du repos pour soigner une tendinite et que les anti-inflammatoires n'étaient pas la solution.


Dès la sortie d'Espagnac, le GR 651 rejoint les hauteurs des falaises et là un petit chemin les longe jusqu'à Saint Sulpice. La vue là-haut est vraiment extraordinaire, il ne manque que le soleil pour rendre ce parcours vraiment grandiose.


Passé la porte fortifiée donnant accès au château des anglais de Brengues ....


....... c'est la descente qui me conduit à Saint Sulpice. Là je fais la rencontre de divers petits personnages qui ont été déposés sur le bord du chemin par un artiste afin de signaler son atelier au village. C'est tellement sympa que je m'amuse à les photographier un à un.







Hélas lorsque j'arrive à Saint Sulpice, je ne trouve aucune trace de l'atelier de l'artiste. Comme il fait un temps à ne pas mettre un chat dehors, juste de pauvres pèlerins, je n'ai vu bien évidemment personne pour me renseigner.






 Je quitte Saint Sulpice pour Marcilhac. Le temps de faire les sept kilomètres qui séparent les deux villages, la pluie se remet a tomber. Si je ne veux pas que mon appareil photo prenne l'eau, je suis bien obligé de le ranger et de me protéger aussi sous ma cape. 

Lorsque j'arrive à Marcilhac, c'est le déluge.
Le village avec son église abbatiale et les restes d'une abbaye bénédictine avec sa salle capitulaire donnent un ensemble tellement harmonieux que je ne résiste pas à ressortir mon appareil de sa house. 



Il fait tellement mauvais que même en pleine saison touristique, tout est fermé et je fais une photo de l'intérieur de l'église depuis la grille cadenassée.

Encore une petite dernière photo de la place et je vois arriver deux ombres. Elles appartiennent aux deux canadiennes qui semblent arriver de nulle part.


On aimerait bien pouvoir se réchauffer un peu devant une tasse de café, mais où aller lorsqu'on se trouve dans un village qui semble mort !!
Il nous reste encore plus de vingt kilomètres avant d'arriver à Cabrerets, qu'il nous faut absolument faire une halte pour un peu de réconfort. C'est comme cela que nous allons frapper à la porte d'un restaurant. Il est, comme le reste du village fermé, mais nous n'avons pas d'autres choix que de tenter le coup. Toc toc, une femme vient ouvrir. Nous avons l'air tellement malheureux que la femme compatissante nous laisse rentrer et nous apporte trois cafés fortifiants. 
Après avoir remerciés notre bienfaitrice, nous reprenons notre chemin qui est toujours sous la pluie. Petite photo du pont et je reprends seul la route car il impossible pour moi de suivre le rythme des deux filles. 


Dans ces conditions atmosphériques, je me demande bien comment je vais pouvoir encore faire les derniers vingt kilomètres. Je suis trempé jusqu'aux os et mon sac n'est pas en meilleure posture. Je décide de ne plus suivre le GR qui remonte au sommet des falaises, mais de rester sur la route en espérant qu'une voiture passe pour faire du stop. Les kilomètres passent, puis j'entends le bruit d'un moteur. A l'approche du véhicule, je fais un signe de la main et la voiture s'arrête à ma hauteur. Le chauffeur ne va que jusqu'à Sauliac, qui n'est qu'à cinq kilomètres. Je ne peux laisser passer l’aubaine et je monte à bord. Trop sale temps en ce moment sur la planète !! 

Il ne faut que quelques minutes pour arriver à Sauliac, mais c'est déjà ça. Me revoilà sous la douche. Il n'y a pas assez de voitures sur cette route pour me permettre d'attendre un hypothétique passage. La marche s'impose donc. Après une demi-heure, nouveau bruit de moteur et à nouveau un petit signe pour faire comprendre que j'en ai marre de patauger dans l'eau. Une nouvelle fois, le voiture s'arrête. Cette fois, c'est une femme qui a vraiment pitié de moi car elle me dit directement que jamais, elle ne prend quelqu'un en stop. C'est donc mon jour de chance !! La brave dame va à Cabrerets et me propose de me déposer directement au gîte du Barry. J'accepte avec soulagement.
Cette journée plus que difficile est enfin terminée pour moi.

Au gîte, avant de prendre cette fois une vrai douche, je déballe toutes mes affaires pour les faire sécher dans la chambre où je mets bien évidemment le chauffage à fond. 
La scène est tellement cocasse, que j'aurais dû penser à en faire une photo.
Après une bonne douche bien chaude, je vais faire quelques achats afin de me préparer de quoi manger ce soir.
Je téléphone à Jef pour savoir où il en est dans sa progression. Il est toujours sur la route, il vient seulement de quitter Marcilhac. Je lui dit que je suis à Cabrerets et que j'ai fait du stop pour y arriver. Il me répond qu'il va faire de même et qu'il arrive.
Dans la soirée, il me téléphonera pour me dire qu'il s'est arrêté à Geniès car aucune voiture ne s'est arrêtée pour le prendre. 
Ce soir, je mangerai donc seul.

2 commentaires:

  1. Le "Jef" a plein de grands sourires quand il lit à haute voix l'illustration de tes journées ! C'est drôle, mais, depuis que j'ai mon gîte à Sauvelade, ces histoires remplies de Suzanne la Québécoise, Olga la Canadienne et Serge Le Bruxellois enchantent les soirées passées avec les Pèlerins ! Merci pour ces récits qui font ressurgir quelques détails croustillants...Un détail que je remet en scène souvent, c'est le moment où (après avoir "visité" les maisons troglodytique de Marcilhac) je t'ai appelé un peu Au Secours...En effet, j'appelais d'une Chambre d'hôte tenus par des Hollandais, et qui me refusais la nuitée : "Chez moi, c'est 2 nuits minimum...! Par contre, vous pouvez utiliser mon téléphone..."
    Dur dur... et là, j'entends ta voix au téléphone qui me "rassure" : "Vas-y Jef, fais comme moi, j'ai fait du stop et j'ai tout de suite été pris !" La belle aubaine quand je me suis retrouvé sur la route en contrebas, 4 km en 1 h15, avec 2 VOITURES SEULEMENT qui m'ont doublés dans des grandes gerbes d'eau ! Et là, bonheur, un gîte au bord de la route, mentionné nulle part, avec de la place, mes 2 copines canadienne déjà attablées devant un grand bol de soupe fumante...Merci, Dieu de tous les hommes !

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    1. Tout comme toi, les souvenirs me reviennent. Que des bons moments, avec aussi la journée fromage avec Suzanne et Olga. Je ne suis pas très fort pour me souvenir des prénoms,c'est pour cela qu'ils manquent dans mes aventures sur Compostelle. C'est aujourd'hui une bonne chose réglée.

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