lundi 17 juin 2013

Première étape : le Puy en Velay - Saint Privat d'Allier

Le 8 /05

L'office terminé, le prêtre a invité les pèlerins à se rassembler au pied de la statue de saint Jacques. Après quelques brèves explications sur l'importance de ce point de départ du pèlerinage, il a demandé à chacun de nous d'où on venait. Nous avons pu ainsi nous rendre compte  que ce pèlerinage attirait des gens de différentes cultures. Dans l'assemblée, il y avait bien sûr, un grand nombre d'européens venus tous azimuts, mais aussi des japonais, des canadiens,  et même un libanais. Visiblement, cela intéressait notre prêtre car il avait un petit mot, une précision ou même une anecdote pour  chaque pèlerin.  
Le tour des participants terminé, il nous a remis une médaille souvenir tout en nous souhaitant un très bon chemin.

Je ressors de  la cathédrale. Devant moi, le grand escalier qui descend dans la ville, semble m'indiquer le chemin à suivre. 


En guise d'au revoir, je jette un dernier regard vers la cathédrale, une nouvelle aventure commence pour moi. Le moment est important car je ne sais vraiment pas comment je vais réagir au fil des jours de trek. J'ai bien une certaine "habitude" des gros efforts en Himalaya, mais ici, la distance qui me sépare de Santiago est nettement plus grande que les treks que j'ai effectués précédemment. C'est donc une nouvelle expérience qui se présente à moi et qui me pose bien des questions.



Pour autant, je ne démarre pas vaincu d'avance, aussi non je serais resté bien évidemment à la maison. Je commence donc ce périple de manière encore plus réservée que d'habitude sur l'idée d'arriver forcément au bout. 

L'objectif du jour, c'est d'aller jusqu'à Saint Privat d'Allier. Il y a 23 km, ça cela devrait quand même aller !!!!


Au bas de la rue, juste en face de la fontaine dite du "Choriste" premier arrêt pour faire un approvisionnement à la boulangerie. Pour le reste, j'ai ma gourde et mon saucisson pour mon étape du jour. La baguette sous le bras, je peux maintenant quitter le Puy. La sortie de la ville est un peu compliquée et je me trompe déjà de rue. Pas pour longtemps car immédiatement une brave dame me montre la bonne rue que je dois emprunter pour rejoindre les monts du Velay. J'arrive déjà à la sortie du Puy et me voici directement confronté à ma première montée. A peine en jambes, j'arrive au sommet, le souffle court. Heureusement que que ce premier effort n'est pas vain car la vue sur la statue de Notre-dame de France, le cloître de la cathédrale et le rocher Saint Michel d’Aiguille est imprenable. Hélas la vue m'a tellement séduite que j'ai oublié de l'immortaliser par une photo.

Après, le GR 65 devient un chemin caillouteux, fini le bitume pour le restant de la journée. C'est ici que je rencontre Christophe. Christophe est un suisse qui est venu à pied de Genève et il a bien l'intention, comme moi d'aller jusqu'à Compostelle. Nous ferons le reste de l'étape ensemble. 
Pour notre plus grand plaisir, nous continuons sur le sentier au milieu de grandes prairies vertes qui se transforment en cette saison en une immense étendue de fleurs jaunes.



Après les prés colorés, le terrain devient plus accidenté et de grandes crevasses verdoyantes s'offrent à nos yeux tout éberluer par le spectacle.

A Saint Christophe sur Dolaison, nous faisons une petite halte. Je profite de l'occasion pour me restaurer et remplir ma gourde à la fontaine. Le petit bourg est sympa et son église trône fièrement au milieu de la place.


Tout de suite après le village, la nature reprend ses droits.


Après 10 km et peu avant le village de Montbonnet, nous arrivons à la chapelle Saint Roch. Pendant que je fais des photos, Christophe choisit de continuer son chemin pour pouvoir réserver une chambre avant que le gros de la troupe n'arrive à l'étape. L'idée est bonne car en ce long weekend du 8 mai,  il y a plus de monde que d'habitude sur le GR 65.
Pendant que je profite du coin, je retrouve d'ailleurs une autre belge de Bruxelles avec qui j'avais déjà parlé peu après notre départ de la cathédrale.

De mon côté, le coin me semble tellement charmant que je flâne un peu dans les alentours de la chapelle avant de continuer mon chemin. La suite du parcours est plus grimpant et avant la descente sur Saint Privat d'Allier, j'arrive à une altitude de 1200 mètres. 



Après un petit bois, c'est le village le Chier. Il fait beau, je décide de faire une petit halte près de l’abreuvoir du village. L'étape n'est plus très loin, nul besoin de se presser puisque je vois Saint Privat dans la vallée. Après cette détente bienfaitrice, je termine l'étape en roue libre. 

Lorsque j'arrive au village, je retrouve Christophe qui est attablé en terrasse au Gîte - Bar "le Kompost'L" . Lorsque j'arrive à sa hauteur, il m'annonce tout de suite la couleur, il n'a trouvé qu'un lit de libre dans le gîte au lieu de trois !!! Lorsque la bruxelloise arrive à son tour, nous lui proposons de lui donner le lit de libre et nous, nous allons chercher une place pour ouvrir nos tentes après le village. Le marché est conclu et nous buvons un verre de bière ensemble.
Lorsque Christophe et moi quittons Saint Privat d'Allier, nous ne trouvons que des terrains en pente, impossible d'y monter nos tentes et décidons de continuer jusque Monistrol d'Allier qui se trouve à +/- 7 km. 

Le GR 65 emprunte un étroit chemin où on ne retrouve que des éboulis de roches plus casse-gueule les uns que les autres. C'est avec soulagement que j'arriverai bien après Christophe au gîte communal du village. 
Ici ce n'est pas la même cohue qu'au village précédent, nous serons d'ailleurs les seuls occupants du gîte.
Pendant que Christophe prépare un spaghetti sauce tomates, moi  je prends une douche bienfaitrice puis je  m'allonge un peu sur mon lit en attendant que le dîner soit prêt.
Si la journée d'aujourd'hui fut longue, mais pas forcément trop difficile, si ce n'est le dernier tronçon pour rejoindre Monistrol,  il en sera tout autrement demain. Car après avoir traversé le village, nous serons confrontés à un terrible dénivelé positif de 500 mètres avant de rejoindre le hameau de Montaure. Mais ça, ce sera pour demain, alors nul besoin de se casser la tête avant la confrontation.  

Direction le Puy-en-Velay

Le 7/05

Le réveil sonne, il est 4h45, j'emballe directement mes affaires dans mon sac. Je plie ma tente et je me dirige vers la gare. Sur place, je fais un brin de toilette dans un local réservé à cet effet, puis je déjeune avec les restes d'hier soir, avant de prendre le train comme prévu à 6h03. 
Aujourd'hui, le ciel est complètement gris et les températures ne sont vraiment pas très élevées pour la saison. Lorsque j'arrive à Aurillac, le soleil commence seulement à vouloir percer les nuages.
A 10h50, je quitte Aurillac sous un ciel plus clément. Dans 2 heures, je serai enfin à Puy-en-Velay. Je ne peux hélas pas dire que j'ai fait le bon choix en prenant l'avion à Charleroi pour  Rodez, puis encore deux trains et un bus pour rejoindre le Puy. J'aurais gagné beaucoup de temps en prenant directement un train à Bruxelles et passer par Saint Etienne pour rejoindre le Puy. Cela ne m'aurait pris que 9 heures. Mais bon, pas de regrets à avoir puisque j'ai le temps devant moi !!




Me voici enfin à destination. Comme tout bon pèlerin, je me dirige directement vers la cathédrale pour aller y chercher mon créanciale, sorte de passeport (obligatoire en Espagne) qui me permettra de dormir dans les gîtes et que je ferai tamponner tout au long de mes étapes comme le veut la tradition sur les chemins de Compostelle.




Le créanciale en poche, je visite la cathédrale.




 Puis je fais un tour dans les vieux quartiers de la ville pour me diriger ensuite vers le gîte "l'accueil des pèlerins" pour y réserver une place afin d'être certain de passer la nuit au chaud !!





Je suis accueilli par des bénévoles qui me montrent mon lit et me donne quelques consignes à prendre pour le bon déroulement de mon passage dans le gîte.
Une des bénévoles remarque mon dorge que j'ai autour du cou. Elle me demande d'où il vient ? Je réponds que je l'ai acheté au Zanskar ! Elle me demande alors si je connais le monastère de Karsha ? .......... La discussion est lancée et nous nous découvrons même une amie commune qui s'appelle Brigitte. Brigitte est une française qui s'est occupée de la construction, sur les terres du monastère de Karsha, d'un petit hôtel destiné à ceux qui font le chadar en hiver. Folle aventure qui lui a pris 5 années de sa vie et qui malgré les difficultés de constructions dans une région si éloignée, est arrivée à un résultat surprenant.

Le soir, je vais manger avec Paolo, un autre pèlerin qui a déjà fait le chemin. La soirée est courte. Demain je prévois de me lever à 6h afin de pouvoir assister à la messe à la cathédrale et à la bénédiction des pèlerins, avant de prendre moi-même les chemins vers Compostelle.

Comme d'habitude, je ferai tout au long de mon périple des photos et écrirai mes textes afin que vous puissiez, à votre façon, suivre mes pas qui, je l'espère, me conduiront jusqu'à Santiago. C'est du moins le but que je me suis fixé.

A bientôt à tous

Serge (Holidaytrip)